MA FAMILLE, MON ARBRE, MES RACINES
Article publié dans le journal REEL en mars 2002
J'aime l'image de l'arbre. Chaque famille est un arbre avec des racines plantées dans le ventre de la terre et dans l'histoire de l'humanité, avec un tronc conduisant la sève vers les branches, les feuilles et les fleurs, qui renouvellent la vie et donnent des fruits : la descendance. La sève véhicule aussi l'histoire génétique, les mémoires ancestrales, les noeuds émotionnels etc. L'arbre familial est bâtisseur d'identité.
JE ME DECOUVRE DANS LA DYNAMIQUE FAMILIALE
En examinant le niveau de la fratrie, en interaction avec les autres niveaux, nous découvrons ce qui est du domaine de notre place dans la vie, de notre relation avec la matière, la maison, l'argent, le travail. En examinant la génération des parents et des oncles et tantes, nous découvrons plus spécifiquement nos références familiales qui sont de l'ordre de l'émotionnel et de la sexualité.
Les premiers messages émotionnels nous viennent de nos parents. De notre mère, avec laquelle nous vivons plus ou moins en symbiose jusqu'aux premières années de notre vie., puis de notre père qui représente "l'autre", le monde extérieur, l'au-delà.
La vie des grands parents enseigne sur les modèles de relations humaines et de l'expression de l'amour dans la famille, ces grands-parents qui ont été les références relationnelles de nos parents. Auprès de nos arrières-grands-parents et encore plus loin, se trouvent les sources des grandes idées et des grands rêves que la famille véhicule et voit se réaliser à travers les générations.
Chaque niveau peut être approfondi dans la finesse. On peut par exemple examiner la dynamique entre les frères et soeurs, la place des enfants disparus, la force des intentions des parents à notre égard, exprimées ou non, les secrets familiaux, etc.
Ainsi l'attitude suicidaire ou les tentatives de suicide répétées peuvent être une réponse à l'intention de la mère, à un certain moment de sa grossesse, d'y mettre fin.
Les prénoms sont également révélateurs. Certains peuvent être lourds à porter, à cause de leur contenu : Par exemple, porter le nom d'un frère ou d'une soeur décédés.
Il est possible de regarder les membres de l'arbre familial à travers leur métier et leur fonction sociale pour comprendre les limitations que nous nous imposons dans le choix professionnel.
APRES LA COLERE,LA GRATITUDE
L'intérêt de ce travail sur l'arbre familial est de se libérer de fardeaux du passé et d'élargir son champ de conscience. Nous avons le pouvoir de transformer nos perceptions négatives et de laisser notre mémoire sélective se renouveler en réactivant des souvenirs et faits plus positifs. Le but est de pouvoir vivre pleinement et sans peur, cheminer au jour le jour dans la joie. C'est un travail de prise de conscience et de compréhension . En font partie le pardon, le pardon à soi et aux autres.
Notre histoire avec nos parents ou autres membres de la famille est remplie de malentendus. Il s'agit de décoder les attitudes, les actes maladroits ou même pervers de nos parents, avec un nouvel éclairage, pour pouvoir aboutir à accepter nos parents avec leurs faiblesses, avec leurs limites et avec leur personnalité et leur manière de répondre aux circonstances extérieures qu'ils vivaient. Arriver à transformer la perception négative de ses parents (ou autres membres de la famille) et à accepter totalement sa famille peut changer une vie ! Car cela permet de reconnaître et d'accepter l'amour et de s'en nourrir, même s'il faut quelque fois dire : merci pour l'amour, non-merci pour la manière dont tu l'as exprimé !
J'AI CHOISI MA FAMILLE
Je propose une hypothèse : J'ai choisi cette vie et les êtres qui m'ont introduit dans cette vie et avec qui j'apprends le monde : mes parents, et dans la plupart des cas, ma famille. Nous avons choisi notre famille, et nos enfants nous choisissent. En proposant cette hypothèse, je ne soutiens pas de croyance religieuse ou autre. (A chacun ses croyances.) Cependant, cette hypothèse "j'ai choisi de vivre cette vie, j'ai choisi ma famille" peut désamorcer le sentiment de fatalité, la colère, l'incompréhension et ouvrir de nouvelles perspectives. C'est une manière de voir qui nous place en situation de pouvoir et de responsabilité : J'ai choisi ma vie, j'en suis responsable et acteur, non la victime !
Je ne suis plus une victime de ma famille, mais je l'ai choisie pour me bâtir, pour apprendre, pour comprendre, pour évoluer.
Puisque nous choisissons, pourquoi n'aurions-nous pas choisi le meilleur pour nous-mêmes ? Nous apprenons souvent par le négatif. Entourés de bruit, de conflits et de violence, nous pouvons devenir avides de paix et artisans de paix. Sortant d'un monde du non-dit et de la non-communication, nous pouvons être avides d'expression, créateurs de moyens d'expression et de communication.
Finalement, en dépassant des difficultés, c'est un cadeau que j'apporte à la santé de mon arbre familial, à la santé collective, qui est finalement l'humanité.
Ainsi, nous entrons dans les dimensions spirituelles de notre lignée et de notre existence, et du lien profond et subtil entre les êtres, ce lien par lequel nous sommes tous UN. Chaque effort et chaque victoire est donc un gain collectif. En travaillant sur soi et en transformant colère en gratitude, je pense que nous rendons un service inestimable à l'humanité et à la terre.